« Lisa Pélisson décide délibérément d’hybrider les catégories établies, d’inverser les sujets et valeurs vis-à-vis des matières, de remixer des habitudes visuelles, aussi éloignées soient-elles. Le cynisme de ce monde de marchandises côtoie la rêverie intériorisée que génèrent ces mêmes objets, objets émotionnels ou objets de désirs. Transposées par la céramique, ces formes prennent un tournant vivant sublimé par leur traitement exacerbé. L’installation “Pare-chocs” est un assemblage né de cette pâte, cherchant à recréer une collection tel un petit monde similaire au nôtre, entre chaos et rire intérieur. De prime abord à la façon des concessionnaires auto, l’enseigne et sa vitrine marquent l’ouverture d’une boutique.

L’artiste affirme sa fascination et son aversion pour certains phénomènes de pop culture, et d’uniformisation. L’enseigne remixe des logos incontournables.

Du Paramount hollywoodien au classement étoilé, des images “modèles”, à l’américaine, aux grands lobbys, à une possible évocation de l’Europe, etc.

L’imagination fait des boucles pour nous donner à voir un univers construit et amusé telle une archéologie du futur. Le “Pare” du “pare-choc” glisse insensiblement vers l’idée de la parure, celle de nos corps, celle de notre quotidien. Lisa Pélisson creuse ces épaisseurs épidermiques. Comment parler de nos boucliers » ... « L’ensemble aborde l’aveuglement: Être fashion, être victime ; les deux s’entremêlent d’ailleurs avec grotesque, pour sonder plus loin nos carcans, peut-être intimement liés aux “chocs”. Du plus petit choc au monumental, de la flaque, du renversement à la projection, de l’explosion à la collapsologie, les chocs se démêlent dans tous leurs états heureux comme bouleversants, entre cauchemar et grand rêve. »

Yrjan Charpentier